Unité ou diversité ? Unité dans la diversité répondent les Français dans notre sondage exclusif. Ils sont favorables à une écrasante majorité à la reconnaissance des langues régionales par la Constitution.

Présenté par le député UMP Breton Marc Le Fur, l'amendement visant à inscrire la reconnaissance des langues régionales à l'article premier de la Constitution a suscité de vifs échanges au Parlement. Adopté par l'Assemblée nationale, ce texte a été vigoureusement repoussé par le Sénat et a même suscité l'ire des vénérables académiciens du Quai Conti.

Pour une écrasante majorité de Français, en revanche, que les « langues de France » figurent au côté du français dans la loi fondamentale paraît presque couler de source. À 68 %, ils se disent favorables à l'initiative prise par le Parlement, même si 45 % des sondés réduisent leur enthousiasme à un prudent « plutôt favorable ». Doute que ne connaissent pas les opposants au projet. Leur hostilité est plus radicale et s'exprime par 16 % de « pas du tout favorable ».

Les jeunes très favorables
Comme l'ont révélé plusieurs études et précédents sondages, les jeunes générations sont les plus ouvertes au multilinguisme. À près de 80 %, les moins de 30 ans plébiscitent cette révision de la Constitution. Ils ne sont plus que 58 % au-delà de 50 ans, tandis qu'au-delà de 75 ans « pour » et « contre » s'équilibrent. Une fracture générationnelle également marquée entre étudiants (80 % favorables) et retraités (54 %). La preuve, diront les partisans des langues régionales, que le Sénat et l'Académie, qualifiées « d'assemblées de gérontes » défendent une vision passéiste éloignée de celle de l'opinion des Français.

Langue régionale, langue du peuple ? Notre sondage semble l'attester. Les employés et ouvriers (75 % favorables) sont plus attachés que les cadres et professions libérales (65 %) à la sauvegarde de ce patrimoine linguistique.

Le projet d'amendement des députés a été repoussé par les sénateurs au motif qu'il constituait une atteinte à l'identité nationale et à la République « une et indivisible ». Une crainte que ne partagent pas du tout les Français. Le fossé entre leur opinion et celle du Palais du Luxembourg serait énorme puisque 70 % des sondés considèrent que la mention des langues régionales dans la Constitution marque une appartenance au patrimoine français.

Sans réelle surprise, l'électorat Vert, Modem et PS est le plus convaincu de la nécessité d'une réforme et, dans une mesure à peine moindre, la sensibilité UMP (65 %). Bien que l'échantillon de sondés soit limité, l'électorat communiste semble en parfait désaccord avec les sénateurs PC hostiles à la révision constitutionnelle.

Enfin, les langues régionales, une affaire provinciale ? Une querelle entre France des champs et France des villes ? Pas vraiment ! Paris et l'Île de France (69 %) tiennent plus à la sauvegarde du breton et du basque que les communes rurales (65 %) de moins de 2 000 habitants !

Jean-Laurent BRAS.